
À PROPOS
Ce blog est à la recherche des femmes chefs de cuisine en partant du constat suivant: en 2015, une étude Crédoc pointait du doigt que 93% des femmes en couple s’occupaient de la cuisine au quotidien. Pourtant, elles sont bien moins nombreuses à la tête de grands restaurants.
Plutôt que d'interroger des femmes étoilées, allons plutôt à la recherche des femmes chefs ordinaires, qui n'ont (presque) jamais la parole, celles qui sont encore étudiantes, celles qui font face au sexisme et celles qui font juste leur boulot de chef.
À travers ce site, "chef" sera orthographié au masculin, car le féminiser implique que le travail est différent lorsqu'il est fait par une femme.
Brève histoire des femmes triplement étoilées
En 1933, Eugénie Brazier, une des fameuses "mères" de Lyon, est la première femme étoilée au Michelin avec trois étoiles pour son bouchon lyonnais. Elle les obtient en même temps que Marie Bourgeois, autre figure emblématique de la gastronomie lyonnaise. Marguerite Bise est la troisième femme à qui Michelin décerner trois étoiles, des années plus tard, en 1951. Il faut ensuite attendre 56 ans avant qu’une femme soit à nouveau triplement étoilée. En 2007, Anne-Sophie Pic atteint ce Graal gastronomique. Elle est la seule femme en France à avoir atteint ce sommet et une des femmes les plus étoilées au monde.
Aujourd’hui, toutes les étudiantes en hôtellerie-restauration ne partagent pas l'envie d'intégrer une grande brigade. Beaucoup veulent monter leur propre établissement et organiser leur vie et leur travail à leur sauce. Et si l’étoile reste présente dans leur esprit, elle n’est pas une finalité.
La révolution est en marche
L’ouverture aux femmes de l’apprentissage du métier est récente: il faut attendre les années 1980 pour que les femmes soient admises et acceptées en école de cuisine. Tout est fait pour les décourager: les vestiaires non-existants pour elles dans les cuisines, un environnement hostile, un fonctionnement similaire à l’armée, avec une "brigade", un "chef", un "sous-chef", le "coup de feu" lors du début du service… Pas étonnant qu’il y ait peu de femmes. Combien sont dans l’armée?
"Elles ne sont pas forcément des chefs de cuisine, mais à mon avis c'est une question de temps avant qu'elles ne soient plus nombreuses à le devenir", estime Michael Ellis, directeur international des guides Michelin, interrogé par l’AFP. Claire Comte, patronne d’un restaurant gastronomique à Calais, pense qu’un changement des mentalités est à l’origine de cette progression: les hommes participent de plus en plus aux tâches ménagères.
La cuisine faite par une femme est perçue comme une tâche ménagère et non un travail d’artisan. Comme pour d’autres domaines, notamment la haute couture, les femmes sont éduquées à réaliser la tâche ménagère, mais les hommes s’en emparent pour l’ennoblir et la rendent inaccessible aux femmes par la même occasion.
Une fois devenue chef, la bataille ne s’arrête pas pour une femme. Une explication pour le manque de femmes étoilées est leur manque de présence dans les réseaux de chefs. De nombreuses chefs sont autodidactes et ne bénéficient donc pas des réseaux professionnels construits dans les écoles hôtelières. Alors, elles doivent adhérer à des associations pour se faire connaître, comme le Parabere forum: cette association oeuvre à briser le plafond de verre pour les femmes en gastronomie.
Le but de ce site est de mettre en lumière des femmes en cuisine, qu’elles soient étudiantes, au poste de second, chef ou patronne. Il suffit de chercher pour les trouver.
Photos: Géraldine John, Pixabay, Cecile van Straten, Arnaud Clerget, Flickr
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